En mai, la Commission européenne a annoncé qu’elle maintiendrait des mesures restrictives sur les importations de panneaux solaires chinois. Ces mesures anti-dumping visent à protéger la commercialisation des cellules et modules solaires européens en fixant un prix d’achat minimum sur les composants ou produits solaires. Directement qualifiées de déloyales par les producteurs chinois, elles sont aujourd’hui dénoncées par plus de 400 entreprises européennes. Il est ainsi question, pour l’Union Européenne, d’évaluer si le maintien de mesures prohibitives sur le solaire chinois est dans son intérêt.
Un protectionnisme européen dans le secteur photovoltaïque
Pour se remettre dans le contexte, la production chinoise de panneaux solaires est très importante et dépasse maintenant la demande mondiale. Les producteurs chinois contrôlent ainsi près de 80% du marché européen alors qu’ils en étaient absents il y a une dizaine d’année. Ceci a un impact sur les prix. En effet, les panneaux produits en Chine étaient vendus jusqu’à 45% moins chers que ceux fabriqués sur le territoire européen. En 2013, l’afflux de panneaux solaires chinois bon marché avait entraîné la disparition de nombreux producteurs de panneaux européens.
La Commission Européenne a alors souhaité réguler le commerce entre la Chine et l’Union Européenne par l’instauration de barrières tarifaires plus contraignantes, symbolisées par une augmentation des droits de douanes sur les produits solaires importés et l’instauration d’un prix minimum d’importation, à 56 centimes par watt fourni.
Une décision qui ne fait pas l’unanimité
Baisse de la compétitivité, perte de dynamisme du marché… Près de 400 entreprises européennes et des ONG de protection de l’environnement ont récemment dénoncé ces mesures. Selon elles, le prix des panneaux s’en trouve augmenté et le déploiement du solaire ralentit actuellement. L’accord de Paris avait fixé des objectifs en termes de climat et l’énergie solaire est une technologie clé. Davantage qu’une problématique commerciale, il s’agit d’une vraie nécessité environnementale.
Faisant suite à l’envoi d’une lettre auprès de la Commission Européenne, 5 grandes ONG de protection de l’environnement, dont Greenpeace, ont fait part de leur mécontentement : « Pour relancer une croissance durable dans notre secteur, pour relancer l’emploi dans nos entreprises, pour continuer de voir le solaire se développer en Europe, ces mesures commerciales doivent être abandonnées. »
Car c’est également pour le secteur de l’emploi que ces mesures s’avèrent néfastes. Le cabinet d’études Ernst & Young a ainsi indiqué que 55 000 emplois pourraient être créés d’ici à 2020 dans la chaine logistique du solaire en UE.
Face à ce mouvement, l’association EU ProSun prône le maintien des mesures antidumping. Représentant 30 fabricants de cellules ou de modules européens, dont l’allemand SolarWorld qui déclare avoir maintenu nombre de ses emplois grâce à ces mesures, l’association exprime son opposition à tout changement. Par la voix de Milan Nitzschke, président de EU ProSun et porte-parole de SolarWorld, l’association explique que : « Les panneaux chinois sont toujours lourdement subventionnés. Certains installateurs veulent acheter des panneaux chinois low cost pour augmenter leurs marges, mais rien ne dit que cela doperait le marché du solaire en Europe, davantage plombé par l’insécurité réglementaire que par les coûts. »
Concurrence équitable, démocratisation de l’énergie solaire, l’Union Européenne doit choisir entre la protection de ses producteurs de cellules et modules et une baisse des coûts des installations par la libre concurrence. Au final, nous aurons la réponse en mars 2017. La Commission Européenne décidera alors si elle maintiendra les mesures en l’état, si elle les supprimera, ou si, dans une demi-mesure, elle réduira le prix minimum des panneaux solaires importés depuis la Chine.
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